Depuis l’annonce de sa création le 18 juin 2019, la cryptomonnaie Libra de Facebook reste au centre de nombreuses polémiques. Face aux inquiétudes et aux oppositions de plusieurs gouvernements et des banques centrales, beaucoup s’interrogent sur ce qu’il reste vraiment de ce projet audacieux. Où en est-on réellement avec le projet ?
La Libra de Facebook dans le viseur des États-Unis et de la France
Mark Zuckerberg reste dans le viseur des politiques. Aux États-Unis, le patron de Facebook a écouté durant plus de quatre heures en 2018 par des commissions du Sénat américain. Il était invité à répondre à des questions orales sur la protection de la vie privée des utilisateurs. L’annonce du lancement prochain de la cryptomonnaie de la firme suscite à nouveau de vives réactions dans le milieu politique américain. Cette fois-ci, c’est le directeur du projet David Marcus qui a dû s’exprimer devant une commission du congrès. Malgré son message rassurant, il n’a pas réellement convaincu les décideurs américains. Donald Trump a même laissé savoir dans une série de tweets, son intention de réguler les cryptomonnaies en générale. Du côté de la France, on reste même plus radicale. Le ministre français des Finances Bruno Le Maire rejette toute possibilité d’une Libra souveraine.
Un changement de concepts annoncé par Mark Zuckerberg
Afin de se conformer aux injonctions des autorités, Facebook a opéré un changement de concept. Dans son annonce de juin 2019, Facebook faisait état d’une Libra basée sur un modèle décentralisé qui se base sur la protection des utilisateurs. Ce modèle ne devrait donc pas se révéler trop différent de celui des autres cryptomonnaies comme le Bitcoin. Mais les propos du président du projet devant le congrès changent tout, ou presque. Le réseau autour du Libra ne sera plus vraiment ouvert. Il sera contrôlé par un consortium. Ce dernier va regrouper de grandes entreprises du monde du high-tech, de la télécommunication et du paiement électronique. Cette association pourrait prendre des mesures allant dans le sens de la limitation d’accès aux utilisateurs et de certains portefeuilles.
Vers un probable abandon du projet
Face à la levée de boucliers des grandes puissances, Mark Zuckerberg s’est voulu rassurant. Il affirme que la cryptomonnaie de sa firme sera sûre, stable et même bien régalée. Toutefois, Facebook reconnaît une certaine incertitude quant à l’acceptation de la Libra par les régulateurs du marché financier. C’est du moins ce qu’on peut retenir du document que la firme a adressé à l’organisme américain chargé du contrôle du marché financier SEC (Securities and Exchange Commission). « Nous n’avons pas d’expérience préalable significative », reconnaît même la firme. Pour finir, elle avoue que « rien ne garantit que Libra ou nos produits et services associés pourront être mis à disposition du public prochainement, voire jamais ».